En direct des Jeux vendredi 22 septembre 2000
On en a terminé avec les épreuves qualificatives d’aviron sur le lac du Regatta Center de Penrith par un bilan mitigé pour les Français. À la qualification de Rolland et Andrieux (deux sans barreur) est venue s’ajouter celles des deux équipages poids léger : le deux de couple Touron-Chapelle et le quatre sans barreur avec Dorfman, Hocdé, Bette et Porchier.
Trois bateaux qui ont de réelles chances de monter sur le podium olympique.
La seconde journée des demi-finales est réservée aux équipages poids léger, on y note la présence de trois équipages tricolores. Le déroulement des épreuves olympiques prévoyant, tout d’abord dans une même catégorie, les épreuves féminines, intéressons-nous donc à Bénédicte Luzuy-Dorfman et Christelle Schulte. La Grenobloise et le Bisontine prennent un excellent départ : 2e après 500 m. de course, avant de marquer quelque peu le pas en milieu de parcours. 4e à 500 mètres de la ligne d’arrivée, les deux "coupleuses" ont beau réagir sur la fin pour tenter de revenir sur les Australiennes, il est trop tard. 4e à un peu plus de deux secondes de la place qualificative. "Nous avons réalisé une bonne course, constate Christelle, mais on a manqué de spontanéité ce qui est habituellement un de nos atouts. Cependant, on n’a rien à se reprocher, mais j’ai l’impression que nous sommes usées après trois semaines ici, ajouter aux quatre semaines passées dans le Jura."
Dans la course suivante, Pascal Touron et Thibaud Chapelle donnent l’occasion aux supporters français, qui se sont déplacés en petit nombre, de faire flotter le drapeau tricolore. On connaît les qualités de cet équipage si présent à tous les grands rendez-vous depuis le Mondial 99 à St. Catharines. Face aux Italiens, donnés favoris par la presse australienne, dans la mesure où les "ossis" ont été éliminés ! les Français font étalage de leur savoir faire. 3e au 500, puis à mi-course, le Lyonnais et le Gravelinois, grâce à un excellent dernier 500, doublent les Grecs (qui n’ont pu tenir la distance), mais surtout soufflent la première place aux Italiens à l’enlevage. Pour 27/100e de seconde, Chapelle et Touron ont montré qu’ils étaient capables de se transcender dans les grandes occasions. Mais ça, on n’en doutait pas. Rendez-vous est donc pris entre ces deux bateaux pour la finale de dimanche. Deux "double" qui auront également un regard sur les Polonais, impressionnants d’aisance dans l’autre manche, voire les Suisses (tout de même champions olympiques en titre), et les Allemands. Détendu dans le parc à bateaux, Thibaud nous relate ce 2 000 et cet enlevage de folie qui a incontestablement atteint le moral des Italiens : "Notre tactique était de rester dans la longueur des Italiens. On ne s’est jamais inquiété. Mais, ce qui est important, c’est que nous n’avons pas grillé de jus !"
Un profil de course, serions-nous tenter de reconnaître, quasiment identique du côté des rameurs "PL" du quatre sans barreur. Lorsque l’on écoute le chef de nage Xavier Dorfman, on s’aperçoit que cet équipage a de la réserve : "Nous ne sommes jamais partis aussi lentement lors d’une course (à cadence 45 au lieu de 47/47,5 en temps normal) et je reconnais que n’avons pas été assez agressif au train. Sans vouloir trouver une parade à notre départ en demi-teinte, j’ajouterai que nous avons été contrariés par des bateaux suiveurs dans notre ligne d’eau ce qui m’a empêché de bien barré le bateau, d’où des problèmes de direction." Cependant, les protégés de Pascal Boucher ont fort bien relevé la situation puisqu’ils passent de la 3e place, au 500 m, à la seconde au 1 500, avant d’obliger les juges à l’arrivée à faire fonctionner la "photo finish". 3/100e de seconde, voilà finalement l’écart qui sépare les Australiens des Français. Lucide, Dorfman analyse ce bord à bord final : "je ne pensais pas que la ligne d’arrivée était déjà si proche, je reste sur ma faim et je peux vous garantir que je suis loin d’être cuit !"
Des propos qui en disent long sur les possibilités de ce bateau poids léger, même si, dans l’autre demi-finale, les Italiens ont montré qu’ils avaient du répondant.
En dehors des deux (sur trois) équipages qualifiés pour la course aux médailles, le deux de couple Hardy-Kowal et le quatre sans barreur Bosquet, L. et A. Béghin, Fauché ont, dans un sursaut d’orgueil, remporté la finale B ce qui les situe au 7e rang mondial. Les deux bateaux femmes : Céline Garcia associée à Gaëlle Buniet, en deux de couple "TC", et la skiffeuse Sophie Balmary terminent, respectivement, à la 2e et la 3e de la petite finale sans jamais avoir pu prétendre l’emporter.